On vous dira toujours qu'avec moi, on ne sait sur quel pied danser. Et comme je les comprends. Je ne suis quelqu'un de sociable du tout, il faut venir me chercher et me découvrir petit à peu, avant de pouvoir faire partie du cercle de ce que l'on nomme mes amis. Je suis taciturne, et assez renfermé sur moi-même, je déteste parler de moi, de mes petits secrets personnels. Je suis généralement d'une patience à toute épreuve, mais sur les sujets graves ou qui fâchent, je peux devenir aggressif, voire violent. Donc je serai vous, je ne chercherais pas à m'énerver. Je déteste faire comme les autres, alors je me démarque toujours, à chaque fois. Vous allez à gauche, bah j'irai à droite tiens. Je suis très cynique et sarcastique, ce qui me fait défaut, à moins que la personne en face aime l'humour noir ou autres. J'ai besoin d'adrénaline, j'adore ça, je ferai n'importe quoi pour sentir mon coeur battre à la vitesse du son dans ma poitrine, et le sang vriller ma tête. Parcontre je ne mens jamais, ou presque. On me reconnaît souvent ma franchise, je n'hésite pas à parler, même pour les mots qui font mal. Et à cause de ça, je suis honnête. Je ne t'aime pas? Je te le dirai en face au lieu de minauder et de faire le gentil garçon que je suis pas. Parce que je ne le suis pas, je suis dangereux. Seuls ceux qui savent vous le diront. Je suis un monstre, sanguinaire. Une bête qui loge au fond de moi, qui feule d'impatience de sortir tous les mois. Non je n'accepte pas ce que je suis. Je ne sais si je l'accepterai un jour. Je ne suis pas quelqu'un de bien, tout le monde vous le dira. Mais je ne changerais pas. Je ne veux pas faire le mal, mais une nuit par moi, ce n'est pas ma raison qui décide, ce sont mes instincts primitifs.

Je possède de nombreuses marques, diverses et ayant toutes une signification qui leur est propre. Commençons par mes oreilles, je pense que vous aurez remarqué que je porte des écarteurs. Ils font partie de mon, de mon style, de ma différence, mais je ne pense pas vouloir les agrandir plus, je n'ai pas envie d'avoir des oreilles de babouin. Ensuite, il y a les tatouages que je porte un peu partout sur mon corps, ils correspondent à des étapes de ma vie dont je n'ai pas envie de parler, personne ne sait -à part Fauve, ma soeur- ce qu'ils représentent. Et pour terminer, la morsure de l'enfoiré de loup garou, qui se trouve au niveau de ma cuisse. Je ne met presque jamais de shorts, seulement pour dormir, alors personne ne la voit. Et je n'aimerais mieux que personne ne sache.

Qu'est-ce que la forêt, sombre et terrifiante? Pour moi, ce n'est que la confidente qui garde mon plus précieux secret. Celle qui me protège des autres, et qui les protège de moi. Du monstre qui se love gracieusement en moi, qui s'étire, une nuit par mois. Et ce soir, c'est le grand spectacle. Balade au clair de lune, seul, métamorphosé. Et j'attend, que les premiers rayons apparaissent, traîtres. Et voilà la belle ronde, la belle blanche lumineuse, qui se lève, fière et responsable de mon état. Et maintenant, ils me touchent, filets de gracieuse lumière. Et je sens la douleur arriver, sourde et incontrôlable. J'hurle, luttant pour garder le peu de conscience qu'il me reste. Insupportable, inhumain, c'est ce qui m'arrive, c'est ce que je deviens progressivement. Mon cartilage s'étire, j'ai l'impression que ma peau éclate. Mes os s'allongent, s'étirent, et je crie encore, toujours. Mes yeux si obscurs, prennent une teinte vert-jaune, quelque chose d'étrange. La colonne vertébrale se tord, essayant de me faire grandir et je plante des mains griffues dans le sol de la cabane délabrée dans laquelle je suis prostré depuis quelques heures. Je sens une légère fourrure pousser dans chaque pore de ma peau, ébène, aux reflets bleutés sous la lune. Je ne comprends plus qui je suis, où je suis, pourquoi je suis là. Je ne sens que cette envie irrépréssible de me mouvoir, pour trouver quelque chose à me mettre sous la dent. Mes poignets brisent les chaînes qui me retenaient prisonnier, et je détruis la porte d'un seul coup, sortant à l'air libre. Mes sens se mettent en éveil, je sens tout, la moindre odeur qui vint se porter à ma truffe de loup. Le moindre son qui m'indique si un animal est proche. Et je pars, je cours, rapidement, d'une vitesse surhumaine. C'est ce que je suis, je ne suis pas un humain, une nuit par mois. Une odeur, de viande fraîche, qui approche. Je me tapis dans l'ombre. Une biche, venant boire de l'eau dans la minuscule étendue liquide, qui miroite. Je prend appui, et bondit sur ma proie. A laquelle je m'approche. Elle rue, et essaye de s'enfuir, mais je lui brise le cou, et la regarde tomber sur le sol, inerte. Je me baisse, et commence à laper le sang qui s'écoule de sa blessure. Le goût métallique et aigre rempli mes sens d'un apaisement. Je l'attrape et la traîne jusqu'à la cabane. Je serai tranquille pour mon festin lunaire. Et après, du retour à la normale, aussi douloureux que l'aller. Des hurlements à vous glacer le sang. Le loup et la lune, sa compagne et ennemie.

Et quand le soleil se lève, péniblement, Aedan est toujours prostré sur le sol. De sa bouche dégoûline le sang qu'il a régurgité après son réveil. Il est rempli de cicatrices, qu'il s'est faites pendant son retour à l'état de simple sorcier. Il a crié, crié, il s'est mordu, il s'est planté les griffes profondément, il s'est lacéré le visage. Mais l'infirmière d'Aberdeen le sait, et elle vient, à chaque lendemain de pleine lune, et elle le soigne. Sa peau redevient nette et pâle, lisse, sans aucune blessure visible. Mais elles sont à l'intérieur les cicatrices. Et même si l'infirmière ne dit rien, il voit qu'elle est horrifié par le cadavre de la biche au fond de la cabane. Et cela renforce son mutisme à l'université. Il sait qu'il n'est pas apprécié, il est bizarre, il est mystérieux. Il interroge. Il n'a jamais voulu faire du mal, se faire du mal. Il n'accepte pas sa condition, il n'aime pas ce qu'il est, malgré que ce soit quelque chose de pratique d'avoir des sens développés dans la vie de tous les jours. Un jour, il est arrivé il ne sait pas comment, pas loin du QG de l'Ordre du Phénix. Il avait du errer sous sa forme de loup-garou, puisque la pleine lune avait été la veille. Ils l'ont soigné, sans poser de questions, et après une longue discussion, il s'est engagé. Il voulait faire le bien, en contrepartie du mal qui l'habitait à chaque minute, tapi au fond de son corps.